Gharbaïn est un trio de musique marocaine qui réunit Abdalatef Bouzbiba au chant, au violon et au rabab, Thomas Loopuyt au ‘oud et au luth ’othar, et Nordine Boussetta aux percussions (derbouka, bendir et tarr).
Gharbaïn signifie littéralement « les deux ouest ». C’est d’abord le sens du mot Maghreb qui désigne le Maroc comme le pays le plus à l’ouest du continent africain. Par analogie, on lui juxtapose un second « ouest » : l’Andalousie musulmane du Moyen-âge où le fameux Ziryab fonda les 24 noubas de la musique classique andalouse. Peu à peu, alors que l’Andalousie musulmane était reprise par les Chrétiens, cet immense répertoire migra dans toute l’Afrique du nord et se diversifia selon les régions.

Les styles de musique savante du Maroc sont nombreux. Gharbaïn s’en inspire pour les interpréter au sein d’un petit ensemble (takht), de manière à mieux mettre en valeur la richesse mélodique et les mélismes de la voix et à donner une lisibilité particulière dans l’équilibre des sons. Nos trois musiciens empruntent également une partie de leur répertoire au chaabi, musique populaire dont les rythmes d’origine berbère invitent immédiatement à la danse, tout en permettant aux instruments de s’exprimer dans une virtuosité polyrythmique.

Les textes du chaabi ont une teneur plus légère que celle des poésies andalouses, au contenu profond et à la métrique sophistiquée. Mais un point commun demeure : le thème presque omniprésent de l’amour sur lequel se rejoignent la poésie savante et la poésie populaire.
Guidés par le verbe poétique, les musiciens alternent entre des instruments de facture savante et populaire, entrainant avec eux les auditeurs dans un voyage à travers les divers styles musicaux traditionnels du Maroc, tels que l’andalou, le chaabi, l’aïta, le jebli, le soussi…
Cependant les instruments et la voix s’expriment aussi lors de prélude, respectivement dans des taqsim et mawal (improvisations libres) et donnent alors par moment une couleur plus orientale à l’ensemble.